lundi 24 août 2015

TAHYA EL DJAZAIR

T1 : Du sang sur les mains
T2 : Du sable plein les yeux

De A. Dan & Galandon


Alger, 1954. Arrivé de métropole, Paul vient d’être nommé instituteur dans un quartier populaire. Il y retrouve Pierre, camarade de résistance toujours engagé dans l’armée française. Progressivement, Paul lie une relation amoureuse avec une jeune femme algérienne. Il va connaître les « évènements », tiraillé entre les souffrances du peuple algérien et sa fidélité envers un ami militaire, devenu tortionnaire.


Cette histoire se déroule pendant les quatre premières années de la guerre d’Algérie, du déclenchement de l’insurrection par le FLN (Front de Libération National Algérien) en novembre 1954, à l’année 1958 peu avant le retour du Général de Gaulle au pouvoir. Quatre années de déchirement où chacun, indigène ou français est obligé de choisir son camp. Les auteurs montrent la complexité de cette guerre pour ceux, qui comme Paul, sont partagés entre idéaux de justice et attachement à la France.


Comme « les porteurs de valise » en métropole –les français qui travaillèrent avec le FLN- où des figures plus connues comme Henri Alleg, qui fut fait prisonnier et torturé par l’armée française et qui en publiera le récit dans son livre « La question », Paul va évoluer au fil du récit. Celui-ci commence par une vision de l’Algérie Française plutôt idyllique. Mais rapidement, avec les premiers attentats à Alger, l’histoire bascule.


S’ouvrant sur l’inauguration en 2002, par le président algérien Bouteflika, d’une stèle à la mémoire des martyrs de cette guerre, le dernier tome se finit dans le désenchantement des héros oubliés. Episode peu connu de cette période, Tahya El-Djazaïr apporte un éclairage inédit sur ce conflit dont les répercussions en France et en Algérie sont encore bien présentes. Indispensable pour ceux qui s’intéressent à cette partie de notre histoire commune.

FICHE TECHNIQUE
Tome 1 : Du sang sur les mains (46 pages)
Tome 2 : Du sable plein les yeux (46 pages)
Dessin : A. Dan
Scénario : Laurent Galandon
Editeur : Bamboo Edition 
Collection : Grand Angle


dimanche 23 août 2015

LE TRAIN DES ORPHELINS

Cycle 1 – T1 Jim / T2 Harvey
De Philippe Charlot et Xavier Fourquemin


Dans sa résidence huppée de New York, Harvey n’est pas surpris par la visite de Jim. Il l’attend depuis soixante dix-ans. Ils se sont connus enfants à bord d’un convoi d’ «Orphan Train Riders ». Comme eux, plusieurs centaines de milliers de gamins des rues ont été envoyés vers un Ouest en manque de tête blondes à chérir et de main d’œuvre bon marché. Voici le récit de leur voyage.


Les deux tomes de ce premier cycle reprennent un épisode peu connu de l’histoire américaine : l’acheminement en train d’enfants orphelins pour être confiés à des familles de l’Ouest. L’arrivée massive des émigrants déversait un flot ininterrompu de laissés pour compte à l’Est du pays. Ce programme mis en place au début du XIXème durera plus d’un siècle et se terminera en 1929. On estime alors le nombre d’enfants déplacés à plus de 250 000. La philosophie de cette entreprise était que les orphelins devaient être coupés de leur origine.


C’est l’histoire d’une fratrie, celle de Jim, Joey et Anna pris dans la tourmente de ce voyage à travers l’Amérique profonde. Leur groupe d’une trentaine de gamins perdus, dirigé par une dame patronnesse, s’arrête dans chaque ville traversée pour trouver aux enfants une famille d’accueil. Le récit faussement enfantin, révèle peu à peu la cruauté de leur situation, faite d’entraide et de trahison. Le dessin qui évoque parfois le meilleur des Walt-Disney sert un récit sans compromis.


A cheval sur deux époques, le scénario raconte aussi le désenchantement de la conquête de l’Ouest et celui du rêve américain. Peu de ces enfants réussiront pour combien de laissés pour compte. La morale puritaine –au fondement de la construction nationale américaine- guide le destin de ce petit groupe. Et le mythe de la success story est ici bien malmené. Cette bande dessinée est une réussite qui peut être partagé par tous, petits et grands !



Fiche technique
Scénario : Philippe Charlot / Dessin : Xavier Fourquemin
Editeur : Bamboo Edition / Collection : Grand Angle

mardi 4 août 2015

Oh Louisiana

The Four Roses
de Jano et Baru

King Automatic, rockeur et homme orchestre, découvre que sa grand-mère Rose n’est pas morte dans les années 60. Elle a suivi son amour américain et s’est envolée pour la Louisiane. Avec son frangin Gilou, King décide de partir à sa recherche et les voilà débarquant aux Etats-Unis…



Sur un ressort convenu –la découverte d’un secret de famille et sa résolution- Baru nous embarque dans une aventure d’une grand fraicheur. Il met en scène des personnages attachants qui se retrouvent plongés dans une quête familiale. De longues ellipses qui peuvent être déroutantes jalonnent l’histoire. Mais cela tranche avec la linéarité des bandes dessinées qu’on lit le plus souvent. Et en fait toute la saveur.


Après dix ans d'absence, le retour de Jano aux pinceaux est une excellente surprise. Son style est toujours aussi riche et il nous offre des planches magnifiques. Sa palette de couleur est variée et retranscrit parfaitement l’ambiance des bayous et des salles de concert où la musique semble sortir littéralement du dessin. Les personnages sont croqués avec brio.



Un seul reproche pourtant, les 90 pages passent très vite, trop vite. On a déjà fini la lecture sans même s’être rendu compte qu’on était arrivé au bout. Heureusement, un petit bonus vient accompagner les dernières pages : un morceau de King Automatic, Havin’ a whole lot of fun. Et nous voilà plongés dans la fosse devant la scène, prêts à danser au rythme du rock endiablé des Four Roses !

FICHE TECHNIQUE
Dessinateur : Jano
Scénariste : Baru
96 pages / Futuropolis